Portrait de territoire : Dunkerque 1/9

Identité
Lundi 09 mars 2015




Neuf ans après sa parution, le portrait de territoire de la région Flandre Dunkerque réalisé par l'agence d'urbanisme de Dunkerque n'a rien perdu de sa pertinence.

Une sensation de grand air et de liberté

Claustrophobes de tous poils, bienvenue chez nous ! Le territoire pourrait sans difficulté adopter ce slogan… Dans sa partie rurale comme dans sa partie littorale, le Dunkerquois se révèle en effet un efficace antidote à la sensation d’étouffer. Une multitude d’éléments naturels se conjugue pour procurer une très vivifiante sensation de grand air et d’ouverture.

Le ciel tout d’abord. Il tient une grande place dans les paysages très horizontaux qui caractérisent le territoire. On y observe une présence dominante de polychromies de gris, d’argentés, de nacrés et de blancs, que soulignent la qualité de la lumière et l’immensité des paysages. Cela contribue à donner de la puissance aux verts dominants dans les plaines du secteur rural mais également présents sur la côte, dans la zone horticole et maraîchère par exemple.

Grâce au vent, le ciel reste rarement plombé longtemps. Et grâce à l’exceptionnelle qualité de la lumière, en perpétuelle et rapide métamorphose, il semble respirer en permanence. On peut parler, sans exagérer, du don d’un ciel spectacle, gigantesque théâtre vivant d’une lumière spectaculaire, aussi changeante que le climat. Le Dunkerquois s’avère bien plus ensoleillé et lumineux que Lille ou Paris mais de cela, on ne parle jamais…

Des lumières puissantes, riches et subtiles

Attardons-nous un peu sur ces lumières puissantes, riches et subtiles car elles sont la marque de fabrique de notre territoire : on distingue les jeux d’intensité, les reflets, les réverbérations, scintillements, brillances, fulgurances, moires, opalescences, transparences mouillées… Elles sont souvent encore plus saisissantes à l’automne, qui offre un été indien remarquable. Elles font figure de lien d’appartenance aux territoires et aux pays du Nord et constituent une source d’inspiration artistique tant en matière de poésie que de peinture. L’œuvre d’Arthur Van Hecke ou Nees Van Steelant, peintres de l’école flamande contemporaine, en est imprégnée.

Le vent joue également un grand rôle dans cette sensation de respiration. « Dunkerque sans vent ce n’est pas Dunkerque » : tous les habitants en témoignent, le vent est ici chez lui, rien ne l’arrête. L’effet est décoiffant, voire même parfois soûlant, mais aussi et surtout vivifiant. Les gens font d’ailleurs preuve d’un attachement spécial à la matière « air ». Sans doute ont-ils conscience que le vent les préserve, en tout cas la plupart du temps, des odeurs déplaisantes des usines et de la pollution industrielle.

Suprématie de l'horizontalité

L’autre grande caractéristique de la plaine maritime réside dans sa platitude et sa quasi absence de relief. Cette suprématie de l’horizontalité génère un sentiment d’absence de limites, de liberté et d’ouverture extrême. La vue est dégagée et sans obstacles. La Flandre intérieure n’est pas en reste : les 176 mètres de haut du mont Cassel, point culminant du territoire, servent davantage à confirmer la perception de l’horizontalité, de par la perspective remarquable qu’ils offrent, qu’à faire ressentir de la verticalité…

Cette sensation de grands horizons se ressent au cœur même de Dunkerque, la ville centre. Cette ouverture donne le sentiment que tout est possible. Elle procure aussi une visibilité extrême, lointaine. Ce sentiment est particulièrement vif dans la zone industrialo-portuaire ou encore sur les plages, où le sable et la mer s’étendent à perte de vue.

Quelle est la véritable personnalité de la région Flandre-Dunkerque ?

Pour le savoir, l’agence d’urbanisme de Dunkerque (AGUR) a mené une grande étude en 2006. Tous les documents, articles et livres mentionnant le territoire ont été compulsés. Un groupe ressource d’experts locaux a été créé. Des enquêtes ont été menées auprès d’habitants et de visiteurs (plus de 300 au total). Au final, un rapport de 400 pages croisant tous ces regards a été rédigé. Dix traits de caractère, tant physiques que psychologiques, ont finalement émergé, comme pour une personne de chair et de sang.

Presque 10 ans après, force est de constater que ce portrait de territoire n’a pas été utilisé par les différents acteurs du Dunkerquois (élus, professionnels du tourisme ou de l’économie de l’époque).

Mais il n’est pas trop tard ! L’expérience actuellement menée dans les villes autour du Louvre-Lens le démontre : un portrait de territoire est un outil précieux d’aide à la décision. Il contribue à donner du sens à des produits économiques, touristiques ou culturels ; à construire des événements en adéquation avec les spécificités physiques et culturelles du territoire ; à déterminer des stratégies de développement...

L'autrice

Journaliste spécialisée dans les questions urbaines et les enjeux d'aménagement des villes de demain, Vanessa Delevoye est la rédactrice-en-chef d'Urbis le Mag.



D'autres articles sur le même thème