Moins de bruit, c'est bon pour la santé !

Santé
Lundi 01 juin 2015




On dit parfois que le bruit rend fou. Selon le cardiologue Marc Goethals, il rend surtout malade. « L’oreille humaine est un système d’alarme très efficace qui a permis aux hommes primitifs de survivre. Aujourd’hui encore, le corps de l’être humain interprète le bruit comme un danger. C’est une réaction autonome contre laquelle on ne peut rien. »

Selon des études récentes, un citadin européen sur deux se dit gêné par le bruit. Un sur quatre considère que sa qualité de sommeil est altérée. « C’est énorme, commente Marc Goethals. Cela illustre bien le fait que les habitants des villes vivent dans un halo de bruit permanent fait de trafic routier, de travaux publics, de ventilation, de voisinage, de cris d’enfants… Les répercussions sur leur santé sont réelles et directes. »

Infarctus et diabète

Le bruit engendre en effet une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle qui influe directement sur la qualité du sommeil. Or le sommeil constitue une phase de récupération indispensable de l’organisme. D’ailleurs, les conséquences d’un sommeil troublé sont parfaitement identifiées : un vieillissement prématuré, la survenue précoce de maladies cardio-vasculaires, la prise de poids, le diabète…

Un bon sommeil, c’est aussi la garantie d’une bonne défense immunitaire de l’organisme. Pour preuve, l’efficacité d’un vaccin double si les gens dorment bien juste après. Le bruit peut aussi être à l’origine d’affections aussi diverses qu’inattendues comme l’asthme ou l’arthrite. Une corrélation entre le bruit ambiant et une longue liste de maladie a été démontrée en 2007, grâce à une étude poussée menée autour de l’aéroport de Cologne-Bonn. Celle-ci a par exemple mis en lumière un taux deux fois supérieur à la normale des maladies cardio-vasculaires chez les riverains de l’aéroport !

Plan de prévention du bruit

Face à ce constat, que faire ? La Commission européenne s’est saisie du sujet voilà quelques années. Une directive a imposé aux agglomérations de plus de 100 000 habitants de réaliser un « Plan de prévention du bruit dans l’environnement » (PPBE) pour 2012. A ce jour, seulement 13% des PPBE ont été réalisés !

En avril 2015, la communauté urbaine de Dunkerque adoptait son plan de prévention du bruit dans l’environnement. « Nous avons travaillé un an et demi pour y parvenir », indique Philippe Laplace, chargé de mission bruit à la CUD.

1 000 cartes du bruit

Une énorme partie du travail a consisté à réaliser près de 1 000 cartes du bruit, pour toutes les communes, tous les quartiers et tous les secteurs d’enjeux : une façon de représenter concrètement le degré d’exposition des populations aux bruits – de jour comme de nuit – des infrastructures de transports et de certaines industries.

« Notre plan de prévention du bruit dunkerquois jouera un rôle dans tous les projets d’urbanisme futurs», indique Philippe Laplace. « Il servira de guide pour mener des actions concrètes visant à réduire les nuisances sonores – les bruits supérieurs à 68 décibels le jour et à 62 décibels la nuit pour le trafic routier. »

Carte du bruit à l'échelle de l'agglomération dunkerquoise.

Actions

Différents types d’action existent pour réduire les nuisances sonores.

Pour protéger les logements et les bâtiments publics, des protections individuelles de façades permettent un gain de 15 décibels par rapport aux menuiseries anciennes pourvues de simple vitrage.

Des enrobés acoustiques ont aussi fait leur apparition ces dernières années. Il s’agit de revêtements routiers permettant un gain de 2 à 9 décibels et qui s'avèrent particulièrement adaptés aux voies rapides. Mais leur coût (10 à 20 % de plus qu’un enrobé classique) et leur durée de vie constituent encore des freins à leur succès.

La végétation constitue un autre moyen simple et efficace de sauver les ambiances sonores urbaines : murs antibruits végétalisés, les buttes et toits terrasses végétalisés ont fait leur preuve. De plus, ils présentent un intérêt esthétique et contribuent à lutter contre la pollution atmosphérique.

Micro-écran acoustique végétalisé, quai de Saône à Lyon.

Sanctuaires du bruit

En parallèle à la production de Plans de prévention du bruit, la Commission européenne a demandé aux collectivités de « réfléchir à la protection de zones calmes ». Une zone calme étant soit une zone sans bruit, soit une zone où le bruit n’est pas dominant. L’objectif n’étant pas d’atteindre le silence mais un état de relaxation salutaire. Un parc, un jardin, un cœur d’îlot d’immeuble sont donc potentiellement des zones calmes à préserver.

Le bois des forts, l'une des zones calmes répertoriées dans l'agglomération dunkerquoise.

Chiffres clefs

·   82% des Français se disent préoccupés par le bruit.

·   Sept français sur 10 se disent gênés par les bruit en ville, la circulation routière arrivant en tête des bruits les plus gênants (37% des sondés). 

 

Retrouvez l'intégralité des documents relatifs au colloque " Prévenir le bruit en milieu urbain, élément d'une qualité de vie durable " organisé à Dunkerque les 15 et 16 avril 2015.

Le site http://www.noiseineu.eu/ compile des expériences innovantes de réduction du bruit urbain et notamment celle de Lyon ayant trait à la végétalisation.